Jeanne Varaldi

Jeanne Varaldi

Comment est née ta vocation d'artiste ?

J’ai commencé à exposer et à approfondir ma pratique quand mon terrain de recherche s’est affirmé : celui du bâti et des urbanités. Ma formation m’a naturellement porté vers ces sujets puisque j’ai étudié à l’Ecole Urbaine de Sciences Po. J’ai été fascinée par la manière dont la ville se transforme et se régénère à mesure que nos façons de nous déplacer, de consommer ou de travailler changent.

 

Les transformations urbaines sont aujourd’hui gérées par des ingénieurs et experts, pourtant elles se déroulent sous nos yeux et sont intimement liées à nos modes de vie. J’avais déjà une pratique artistique personnelle et finalement j’ai réalisé que l’art était le meilleur moyen de travailler une approche plus sensible de la ville : Comment se construit la ville ? Avec quels matériaux, codes et procédés ? Et quelle place pouvons-nous avoir dans ces transformations ?

Photo : Jeanne Varaldi, @ADAGP

Quelles sont tes inspirations ?

Je m’inspire beaucoup de ce que je vois autour de moi. La plupart de mes matériaux sont issus de la récupération : je me ballade dans Paris et je tombe sur des morceaux de revêtement ou de béton que je collecte. Finalement ce sont ces éléments qui m’inspirent de nouvelles pièces : je les peints parfois ou les assemble à l’aide de mortier ou de cordes colorées. C’est vraiment la notion de fragment et d’assemblage qui m’intéresse pour redonner vie à un morceau de ville qui est plus une ressource qu’un déchet à mes yeux. Globalement je scrute toutes les zones de chantier. C’est là que les transformations sont à l’œuvre et j’aimerais que les palissades de sécurité puissent être plus transparentes !

 

Quel est ton plus beau souvenir d'exposition ?

Jeanne Varaldi

Ma dernière exposition était un beau temps fort personnel et collectif. J’y ai montré une installation ainsi que deux toiles inspirées de l’univers du chantier. Elles sont composées de blanc de meudon et de pigments colorés, appliqués au chiffon, à l’image du geste ouvrier qui blanchit la vitre d’un rez-de chaussée en travaux pour la rendre opaque. Des tracés à la bombe fluo font écho aux codes couleurs et graphiques des travaux de voirie. Ils rappellent ces symboles que l’on peut observer sur les trottoirs et qui indiquent quels réseaux techniques sont enterrés. C’est une pratique nouvelle puisque je pousse ma recherche jusqu’à exploiter directement les matières premières du chantier comme medium sur toile.

 

Cette exposition est aussi une aventure collective puisqu’elle réunit une trentaine d’artistes avec un beau commissariat réalisé par « Les Nouveaux collectionneurs » qui promeut la création contemporaine. Le parcours a été pensé autour de la notion de frontière, qu’il s’agisse de frontières physiques, géopolitiques, sensibles, imaginaires… ou urbaines qui, bien que plus subtiles, n’en sont pas moins réelles !

Quels sont tes projets à venir ?

Je participe à une résidence de recherche et création à Barcelone avec Homesession cet été. J’ai hâte de voir la manière dont ce travail dans une autre ville pourrait enrichir ma pratique. J’ai envie d’aller scruter l’architecture, le bâti et ses transformations. Ce sera à la fois un temps d’introspection et d’approfondissement de mes recherches, en même temps qu’une exploration urbaine les yeux grands ouverts ! Je serai également au festival d’art contemporain organisé par HostingArt au château de Turenne en août pour développer une installation dans les jardins.

Photo : Jeanne Varaldi © ADAGP

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