Jeanne Varaldi

Jeanne Varaldi

Comment est née ta vocation d'artiste ?

J’ai commencé à exposer et à approfondir ma pratique quand mon terrain de recherche s’est affirmé : la ville et les territoires. Ma formation m’a naturellement porté vers ces sujets puisque j’ai étudié à l’Ecole Urbaine de Sciences Po. Les transformations urbaines sont principalement gérées par des ingénieurs et des experts, pourtant elles se déroulent sous nos yeux et sont intimement liées à nos modes de vie. J’avais déjà une pratique artistique personnelle et j’ai réalisé que l’art était le meilleur moyen de travailler une approche plus sensible de la ville. Je propose aujourd’hui des projets in situ, qui s’inspirent des formes urbaines et de la parole habitante lorsque j’ai l’occasion de mener une enquête sur le terrain.

Photo : Jeanne Varaldi, @ADAGP

Quelles sont tes inspirations ?

Mon processus créatif se nourrit à la fois de l’arpentage du terrain et de mes lectures. Je lis beaucoup sur l’urbanisme (Lefebvre, les situationnistes,  le place making, etc.) ainsi que l’art contextuel et participatif (Paul Ardenne, Nicolas Bourriaud). Lorsqu’on me propose un projet, je m’intéresse au site : histoire du lieu, de son architecture, récits des habitants, etc. L’art est une façon pour moi d’explorer le territoire vécu. Visuellement, mon travail est assez graphique et s’inspire du travail de designer et d’artistes qui dessinent l’espace.

Quel est ton plus beau souvenir d'exposition ?

En 2023, j’ai réalisé une installation temporaire (Genius Loci) dans une ancienne clinique en travaux dans le 13e arrondissement de Paris. Je voulais absolument parler de l’histoire du lieu mais les recherches en ligne ne donnaient rien. J’ai donc choisi d’y aller à vélo un soir, sur un coup de tête. Je suis tombée sur un groupe de femmes qui discutaient dans la rue. En leur demandant si elles connaissaient le quartier, je découvre que l’une d’entre elles, Mina, a travaillé dans cette clinique pendant plus de 20 ans. Le soir même, les anciens de la clinique se retrouvaient à deux pas d’ici et j’ai passé une soirée entière avec eux pour qu’ils me racontent leur histoire. C’était un moment inattendu et chargé d’émotion. L’exposition a été l’occasion de restituer des bribes de ces récits de vie.

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