Louise Frydman est artiste sculpteur. Depuis 2015, elle a installé son atelier à coté de Cluny, en Bourgogne, où elle travaille la céramique.
Elle a remporté le Prix “1 immeuble, 1 œuvre” en 2019, pour ses œuvres “Forêt blanche” et “La fée des pétales”, en collaboration avec Vinci.
Quel est ton parcours ?
J’ai fait mes études à Penninghen, à Paris. J’y ai notamment appris le dessin et la photographie. Ce sont deux pratiques très importantes dans mon travail, sur lesquelles je base mes créations actuelles, avec la recherche de la lumière dans la photographie, ou des formes dans le dessin.
En sortant de l’école, j’ai commencé avec la photographie. Simultanément, j’ai travaillé le papier avec de la fibre de coton que je déchiquetais et que j’assemblais dans des compositions. Ça a été un moment très important car c’est ma première entrée dans le blanc, dans le volume, dans la sculpture. Et les formes que j’ai développé en étirant cette fibre de coton sont restées dans ma pratique actuelle de la terre : j’ai conservé l’aspect léger et fragile du papier, mais dans la céramique.
Pourquoi avoir évolué du papier à la terre ?
Je recherchais plus de sensualité, et plus de pérennité dans la matière. Il y a une limite avec le papier, qui me contraignait, alors que la terre est quasiment illimitée dans ses possibilités. J’avais besoin d’un contact plus sensuel, avec une matière plus riche, pour mettre davantage les mains à la pâte.
J’ai gardé, dans mon travail de la terre, les gestes liés à mon expérience du papier, mais aussi un aspect esthétique proche de cette matière.
Je réalise ainsi des petits éléments, que j’appelle “pétales” ou « bulles », que j’assemble pour créer des compositions sous forme de mobiles ou de panneaux. C’est un processus lent et contemplatif. Mon autre façon de travailler la céramique est complètement différente : j’aborde la terre de façon plus frontale et physique avec des sculptures de grande envergure. Dans ce cas, c’est un réel combat avec la matière.
Comment se déroule ton processus de création ?
Je travaille depuis peu la porcelaine en biscuit, mais j’ai commencé avec un grès très plastique, que je travaille toujours, qui me permet d’étirer laterre de manière très « dentelée ». Ce grès, je le trempe dans une préparation crue que j’ai élaboré, je ne la travaille pas au sens traditionnel, je n’émaille pas, je n’ai que la cuisson du biscuit, àtempérature relativement basse. Lorsque la porcelaine sort du four, elle est déjà blanche immaculée. En revanche, ce n’est pas le cas pour le grès. Pour donner le blanc que je souhaitais à cette matière, j’ai fait des recherches et j’ai inventé ma propre préparation : le résultat donne un effet poudreux, qui sème le doute sur la matière utilisée.
Mais au fond, ce qui m’importe ce n’est pas le matériau, c’est ce que j’arrive à en faire.
Quelle est l’importance du blanc pour toi ?
Le blanc me permet de me concentrer sur des formes complexes pour lesquelles la couleur n’a pas à ajouter d’effets. Il y a de la magie dans la pureté de la blancheur, et c’est ce qui me plait. Travailler le blanc me fait beaucoup de bien, ça m’apaise, et c’est ce que je souhaite transmettre. Je me concentre sur la forme, et sur la lumière.
Quel impact à la lumière sur tes œuvres ?
Dans la lumière, il y a une multitude de couleurs, de niveaux de gris. Il y a une façon d’éclairer mes pièces qui est très importante : si la lumière est naturelle ou non, on peut théâtraliser mes œuvres ou au contraire les laisser s’effacer. On peut jouer sur les ombres, atteindre des niveaux de noirs intenses et des blancs très crus. Donc en réalité ma palette de couleurs se situe dans la lumière.