TIM ZDEY

Comment est née ta vocation d'artiste ?

Mon parcours n’est pas très classique. J’ai fait une école de commerce et je suis parti m’installer à Bombay à la fin de mes études. Là-bas, j’avais un boulot dans une grosse boite, en costume cravate toute la journée, et je peignais le soir et le week-end.

J’ai découvert la peinture par le graffiti, par le lettrage, que j’ai fait pendant 10 ans, puis j’ai créé mon personnage Zdey lors de mon séjour en Inde. Je me suis mis à développer d’autres univers, notamment autour des lignes, des bandes optiques. Au fil du temps, mes univers se nourrissent, avec de nouvelles formes, de nouvelles couleurs.

C’est vrai qu’au début, j’étais beaucoup plus dans l’univers street art, ce qui n’est plus forcément le cas aujourd’hui. Je passe beaucoup plus de temps à peindre des toiles, à réaliser des projets qui ont été commandés, ou à faire des projets dans des écoles. Aujourd’hui, je me qualifie davantage comme un artiste peintre, qui intervient sur des supports très différents.

Quelles sont tes inspirations ?

Mon univers optique, c’est un jeu que je me suis créé. On retrouve toujours les trois bandes blanches et d’autres couleurs, comme unité que j’essaye de ne jamais changer. Ensuite, il y a des angles que je réplique, il y a toujours un symétrie axiale, horizontale ou verticale. Donc j’ai une sorte de règle de mon jeu, et quand j’arrive dans un endroit, je fais évoluer les bandes en respectant à la fois ces règles et à la fois les contraintes de l’espace. Quand j’arrive le matin je ne sais pas ce que je vais faire, je ne sais pas ce que ça va donner. Je compose avec ce qu’il y autour de moi.

La couleur est arrivée un peu plus tard dans mon travail, j’ai fait beaucoup de noir et blanc pendant un moment. De plus en plus mes univers s’ouvrent et la couleur rentre dedans. Pour moi, la couleur c’est une infinité de possibilités pour explorer, développer et nourrir mes univers. C’est quelque chose d’universel. Dans tous les voyages que je fais, où je peins des murs, c’est un moyen de parler avec des gens de cultures différentes, sans partager la même langue. Mais avec des couleurs et des sourires, on arrive à se comprendre et à peindre un mur ensemble. C’est ce coté universel qui est magique.

Quels sont tes projets en ce moment ?

En ce moment, je me concentre sur ma peinture d’atelier, donc sur des œuvres qui sont exposées en galerie. Je prépare aussi un jeu vidéo en collaboration avec Art’Cade, qui me prend beaucoup de temps. Le jeu est déjà créé, et on réalise une campagne de crowdfunding pour le développer, aller plus loin, créer d’autres niveaux.

Et puis toujours des voyages, que je prévois avec l’association Artivista dont je suis le parrain, avec qui l’on organise des échanges culturels artistiques entre deux pays. Le prochain sera avec la Colombie : 3 artistes colombiens et colombiennes viendront en septembre prochain pour peindre des murs à Saint-Denis, puis en février 2022, nous serons 3 artistes français à se rendre en Colombie pour peindre.

Habituellement, la peinture te permet de beaucoup voyager. Comment vis-tu cette crise sanitaire depuis mars 2020 ?

Pour être très honnête, je voyageais beaucoup, jusqu’ à en être un peu perdu dans mes voyages. J’ai pris tellement d’avions qu’à un moment je me demandais où j’étais. J’avais du mal à me retrouver, et je ressentais le besoin de passer du temps en atelier pour développer mes univers, faire davantage de recherches. J’avais besoin d’une pause, ça faisait un petit moment que je le disais déjà. Finalement, la pause a été un peu forcée ! Mais j’ai la chance d’avoir un métier, qui fait que quand je suis à la maison et que je crée, je suis dans mon état normal. Je ne vois pas le temps passer, je suis dans mes peintures, et ça c’est une chance. Donc je le vis plutôt bien, le timing est ce qu’il est, et j’essaye d’en tirer du positif au maximum.

Découvrez notre interview décalé avec Tim Zdey

Crédits photos : ©Tim Jorrisson, © Agence monumentart

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