NAWELLE AINECHE

Comment est née ta vocation d’artiste ?

Je suis costumière de formation et j’ai voulu travailler la matière textile comme matière plastique. Tel un épiderme. J’ai eu une résidence nommée « voyager » pour apprendre les métiers d’art. Je suis partie au Sénégal pour apprendre à tisser et mon projet s’est tourné vers la matière plastique.

Quand je suis revenue, j’ai continué en tant que costumière mais j’ai quand meme postulé pour d’autres résidences et bourses. J’ai obtenu une bourse qui s’appelle « Création en cours », mise en place par le Ministère de la Culture. Cela a un peu tout déclenché !

J’ai commencé le tissage de bandes magnétiques de cassettes vidéo. Cette bourse de 12 000 euros m’a permis d’acheter mon métier à tisser et puis j’ai commencé une résidence à la Taverne Gutenberg à Lyon. Ça s’est lancé et mon travail autour des bandes magnétiques a très bien marché. 

Le travail autour de cette matière magnétique était une façon de retranscrire les émotions corporelles. C’est un travail sincère qui a su voyager…

© Nawelle Aïnèche – « Déraisonnable » – Salon Révélation 2019

Quelles sont tes inspirations ?

Je suis une très grande fan de Marina Abramović, qui fait de la performance. On est loin du textile et du costume mais c’est plutôt sa démarche artistique qui me passionne. Je dirai aussi Pierre Soulages, parce que justement, on m’a tellement comparé à lui que je me suis en quelque sorte « collée » à lui.

Nick Cave aussi qui fait des sculptures costumes incroyables, Jeanne Vicerial, qui travaille également le textile, le tissage, le tricotage…Et Louise Bourgeois ! Je crois que c’est ma préférée.

Quel est ton plus beau souvenir d’exposition ?

C’était mon exposition au musée historique de Moscou, qui se situe Place Rouge. C’était une exposition autour du costume innovant, où l’on était une cinquantaine d’artistes du monde entier. 

J’ai été sélectionnée pour présenter mon costume de bandes magnétiques « Qu’est ce que je vais faire de toi ? ».  C’était un moment très poétique, très lointain. À côté de moi se trouvait un artiste philippin, Leeroy New avec qui j’ai exposé à Lyon… Et d’autres artistes que j’admirais. Bref, le monde est tout petit parfois. 

© Nawelle Aïnèche – 

« Qu’est-ce que je vais faire de toi? »

Qu’est ce tu peux nous dire sur ta résidence actuelle au Musée d'art contemporain de Lyon ?

Avec cette résidence au sein du macLYON, je continue un travail que j’avais commencé à L’autre Soie, à Villeurbanne. Mon projet se tourne autour d’un objet qui m’est plus que familier : les épingles. C’est un long processus qui se développe en plus de la résidence. La prochaine se situera à la Factatory à Lyon, tenue par la galerie Roger Tator.

Cette résidence au macLYON est très agréable, déjà parce qu’on est en face du Parc de la Tête d’Or. Outre cette nature, l’environnement et l’équipe du musée sont super.

C’est un espace serein qui nous permet une belle concentration. Notamment dans le geste et le corps. C’est l’architecture du Musée qui veut cela, je pense. J’avais fait une résidence en Chine, dans 2 musées et je trouvais que travailler dans un musée était une expérience  extraordinaire. On a l’impression d’être à la bonne place, c’est nourrissant, on sait qu’on peut avoir l’aide des techniciens, l’aide artistique. Quand on est artiste, on est parfois un peu isolé, tout seul en train de créer. Ici, c’est pas le cas et ça fait du bien !

Quels sont tes projets à venir ?

Déjà ces 2 résidences, le MAC jusqu’à fin mars et la Factatory jusqu’à fin juin. Une exposition à l’Ecu de France, à Viroflay dans le 78 en juin. Et une exposition solo à la galerie Françoise Besson en juillet.

Et puis il y a bien sur la sculpture costume d’épingles que je suis en train de faire, j’espère pouvoir emmener ce costume au Japon puisqu’il se tourne autour du « ma » qui est un concept japonais. Le ma, c’est le vide qui relie deux espaces temps. J’espère qu’il saura lier l’espace entre les deux pays. 

Et pour le moment on va s’arrêter là et on va voir ce que ça donne ! 

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